Temporalité ou la genèse des apprentissages

 

 Argument : Partant d’un simple constat, les élèves en difficultés dans les apprentissages scolaires peinent à entrer dans le monde de la symbolique. Pour Piaget, cette dernière est définie par la capacité d'évoquer un objet ou une personne en son absence. L'évocation, ou représentation, suppose la différentiation nette d'un signifié (ce qui est évoqué) et d'un signifiant (ce qui sert à le représenter). Pour la psychanalyse, Le symbole vient toujours en lieu et place d’un objet manquant. Il ne peut jouer son rôle compensateur pleinement qu’avec l’avènement de l’aptitude psychique du sujet à surmonter le deuil ou la perte (Segal). Le signifiant majeur de ces définitions est la séparation. Or celle-ci correspond à un long processus développemental inauguré par la naissance de l’enfant. Dès les premières relations avec son environnement et particulièrement la maman, l’accordage affectif mère-enfant - cette danse inter-active avec son environnement - est la source du processus de subjectivation. Ce long apprentissage, qui n’en finit jamais, s’accompagne de frustration qui signe la détresse face aux éprouvés des besoins. L’apprentissage que nous pourrions qualifier de primaire est d’abord celui-ci ; apprendre qu’une attente déplaisante est nécessaire pour obtenir une (légère) satisfaction plaisante future. La temporalité sous la forme de l’attente frustrante créée l’espace nécessaire au développement de la vie psychique. Celui-ci est ainsi en relation étroite avec la qualité relationnelle de l’environnement familial. L’apprentissage secondaire, comme le scolaire a pour prototype le primaire. Il est de même essence. Apprendre à l’école s’inscrit dans la temporalité d’une part et d’autre part d’éprouver cette dépendance à l’adulte. Dans les cas, où cet apprentissage primaire s’est effectué sous de mauvais auspices, le monde interne de certains enfants sera peu à même de souffrir les frustrations de l’apprentissage malgré une capacité intellectuelle normale. Ces enfants, pour lesquels la dyschronie est un point commun, entrent dans la clinique des troubles intellectuels (Gibello, 1984) dus à un retard d’organisation du raisonnement (r.o.r.).

 

         Alain Noble

       Psy’Cab

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